Mercredi 1er juillet 1778, à la veille de sa mort, Rousseau éprouve le besoin de livrer ses pensées, sereines ou douloureuses, souvent avec humour, à sa femme la lingère Thérèse Levasseur qui a partagé ses errances, ses persécutions, ses créations littéraires, musicales et philosophiques. Rousseau entend des voix d’outre-tombe, celle rassurante de son père Isaac qui l’a élevé à la mort de sa mère. Et aussi celle de Voltaire mort un mois avant lui, Voltaire dont la haine l’affecte encore, en raison de leur vision du monde radicalement opposée.
« J’ai senti la nécessité de mettre Rousseau en scène, lui, le visionnaire qui parle à notre monde du XXIe siècle. Jean Starobinski dit à son sujet : Rousseau a conscience de toutes les misères d’un monde livré aux puissances corruptrices de l’argent et de l’opinion. […] Une éventualité, pourtant, reste ouverte. […] Car, selon Rousseau, l’homme ne cesse jamais d’être libre, pour le bien comme pour le mal. […] Reste à notre portée le refus que la conscience oppose à une société qui a trahi tout ensemble la loi naturelle et l’idéal civil. »
Jean Winiger